June 17, 2009

Hymne national tunisien contre pratique policière Tunisie , l'Humanite, le 5 décembre 2008


Source: l'Humanite
le 5 décembre 2008












Tunisie . Le procès des syndicalistes s’est ouvert hier à Gafsa, en présence de syndicats de plusieurs pays.

Le procès des 38 inculpés du bassin minier de Gafsa, suite aux manifestations qui se sont déroulées depuis le mois de janvier dans cette région du Sud-Ouest tunisien, s’est ouvert hier. Bien que les 38 soient officiellement inculpés pour des délits de droit commun, la nature politique de ce procès ne fait aucun doute. Pourquoi, sinon, les autorités tunisiennes auraient-elles empêché de s’y rendre une délégation de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) ?

Cette audience, qui se tenait quelques jours à peine après la venue d’une délégation de personnalités françaises (voir l’Humanité du 3 décembre), a néanmoins mobilisé tout ce que la Tunisie compte de démocrates. Des représentants de syndicats français (CGT, CFDT, SUD, FO, FSU, UNSA…), algériens et marocains avaient même fait le déplacement. Les avocats tunisiens se sont particulièrement distingués. Une trentaine d’entre eux sont venus de Tunis, non sans mal, comme le raconte Karim à l’Humanité : « Nous avons été arrêtés à plusieurs reprises sur la route, à Kairouan, à Sidi Bouzid, puis à 30 km de Gafsa, et encore à l’entrée de cette ville. À chaque fois il nous a fallu batailler avec les policiers en refusant de présenter nos cartes d’identité, avant de pouvoir continuer notre chemin, les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur n’ayant aucun argument à nous opposer. » En tout, ils étaient 92 avocats à venir représenter la justice - la vraie - dans un procès inique qui pourrait bien modifier les choses en Tunisie. Les 38 ont ainsi été rejoints par 6 autres personnes, recherchées pour les mêmes motifs et qui se sont présentées devant le tribunal accompagnées de leurs avocats, preuve que le combat est loin d’être clandestin, qu’il a débordé les frontières régionales, voire celles de la Tunisie entière.

« Nous avons demandé la libération provisoire de tous les détenus, précise Karim. Nous avons également exigé des expertises médicales à cause des tortures subies par nos clients. Nous avons aussi insisté sur le nécessaire témoignage du ministre de la Santé publique, Mondher Znaydi - dont le nom apparaît dans le dossier -, ainsi que de celui de Bacem Jaouardou, haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, un temps chargé des négociations avec les manifestants. »

Alors qu’une interruption de séance était prononcée par le juge, l’un des principaux inculpés, Adnan Hadji, entonnait l’hymne national tunisien, rapidement suivi par ses camarades, malgré l’intervention musclée de la police qui menaçait de ne pas représenter les prisonniers devant le tribunal. Il faudra l’intervention de Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), pour convaincre le juge. Adnan Hadji vient d’ailleurs d’être renforcé dans ses convictions et dans son combat : l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) qui, sur la demande des instances locales tenues par les tenants du parti au pouvoir, le RCD du président Ben Ali, l’avait suspendu de ses fonctions, vient de le réintégrer à son poste syndical. Un acte qui a valeur de soutien total à la lutte d’Adnan Hadji, de Bachir Labidi, de Taieb Ben Othman et tous les autres syndicalistes incarcérés. Les avocats ont obtenu le report du procès au 11 décembre et la libération de huit prisonniers.

P. B.

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