French Translation: Mumia Abu-Jamal – Ennemi d’Etat
Posted by onehundredflowers on March 8, 2010
«Ils ne veulent pas seulement ma mort, ils veulent mon silence» Mumia Abu-Jamal
DES PANTHERS A LA VOIX DES SANS-VOIX
par Mike Ely
http://kasamaproject.org/2010/03/08/mumia-abu-jamal-ennemi-d%E2%80%99etat/
Le 8 août 1978, le maire Frank Rizzo était d’humeur combative lors d’une conférence de presse spéciale à l’Hôtel de Ville de Philadelphie. Quelques heures plus tôt, la police de Rizzo avait mené une descente massive dans la maison de l’organisation radicale MOVE dans l’Avenue Powelton. Après avoir attaqué la maison avec d’intenses coups de feu, du gaz lacrymogène et un flot d’eau, la police a arrêté les membres de MOVE et a battu publiquement Delbert Africa lorsqu’il s’est rendu.
A l’Hôtel de Ville, Rizzo a été franc avec la presse: il attendait d’eux qu’ils serrent les rangs en soutien aux actions de la police. Alors, du paquet bondé de journalistes, un jeune reporter noir s’est prononcé avec le ton sonore d’un présentateur radio. Il a soulevé des questions incisives à propos de l’histoire officielle de la police de Rizzo venait de concevoir.
Le maire Rizzo a explosé de fureur et a craché une menace à peine voilée: «Ils croient à ce que vous écrivez, et à ce que vous dites, et cela doit cesser. Et un jour – et j’espère que cela sera durant ma carrière – vous aller devoir être tenu pour responsable et redevable de ce que vous faites».
Le 9 décembre 1981, trois ans après cette conférence de presse, à l’âge de 27 ans, Mumia Abu-Jamal est tombé dans les mains de la police. On lui a tiré dessus, il a pratiquement été tué par une balle de la police, arrêté et brutalisé à plusieurs reprises en garde à vue. Et puis, dans un procès digne de Kafka ou d’Alice au pays des merveilles, il a été condamné à mort pour avoir tiré sur le policier Daniel Faulkner.
Mumia Abu-Jamal n’a pas passé un jour en liberté depuis. Il est maintenant dans le couloir de la mort – défiant l’isolation stérile de la prison SCI Greene: écrivant, parlant, et ouvrant les yeux d’une nouvelle génération sur les injustices du système.
D’éminentes personnalités politiques de l’ordre politique et judiciaire de Pennsylvanie ont fait leurs débuts dans la machine du maire notoire de Philadelphie Frank Rizzo. Ils ont construit leur carrière sur la suppression des forces radicales au sein de la communauté noire de la ville. Parmi eux se trouvent Ed Rendell, aujourd’hui gouverneur de Pennsylvanie et figure éminente de la campagne présidentielle d’Hilary Clinton, et Ron Castille, qui a été élevé au rang de la Cour Suprême de Pennsylvanie. L’emprisonnement en 1981 de Mumia Abu-Jamal est un cadavre dans leur placard. Et ils ont travaillé, à chaque fois, pour garder leurs dissimulations intactes et à le faire mourir.
L’histoire de Mumia Abu-Jamal est l’histoire d’un jeune journaliste révolutionnaire qui a osé défier la brutalité notoire et la corruption de la structure du pouvoir de Philadelphie – et qui a été conduit sur les rails du couloir de la mort dans l’exercice brut de la persécution politique.
C’est l’histoire d’une profonde injustice. Et il y a le danger d’une injustice suprême: l’exécution de ce prisonnier politique. Avec l’affaire de Mumia, qui est à un stade critique du processus juridique d’appel, ce que les gens disent et ce qu’ils font dans le cadre de cette affaire est une question de vie ou de mort.
La plupart des discussions médiatiques sur Mumia répètent la version officielle des événements, telle qu’elle a été conçue par les procureurs de Philadelphie et promue par le Fraternal Order of Police (FOP – L’Ordre Fraternel de la Police). Mumia est décrit comme un ‘tueur de flic condamné’ qui a été pris en flagrant délit, condamné avec la procédure régulière, à qui on a donné une chance complexe de faire appel et qui maintenant est confronté à l’exécution qu’il mérite. Chaque partie de cette histoire officielle défie les faits.
Un argument crucial de cette version officielle est la revendication que Mumia n’a pas pu être une victime de la répression politique – qu’il n’était pas perçu comme une menace significative pour le système – lorsqu’il a été arrêté en 1981.
Mais la vie et le travail de Mumia Abu-Jamal dans les années précédant 1981 racontent une histoire différente.
Frank Rizzo, the racist police-mayor of Philadelphia
LA VILLE DE L’AMOUR FRATERNEL
Durant les grandes migrations afro-américaines du 20° siècle, des centaines de milliers de noirs ont déménagé du sud profond vers le nord et la ville industrielle grandissante de Philadelphie. Ils sont venus chercher des emplois dans les usines et une vie meilleure. Ils se sont retrouvés enfermé dans des ghettos, dans les districts les plus délabrés de cette ville vieillissante. L’ensemble des parties de la ville était hors-limites. Une personne noire qui osait y aller, particulièrement après la nuit tombée, était confrontée à des raclées et même assassinée par des gangs de blancs et par la police.
Mumia Abu-Jamal est né en 1954 et a grandi dans les projets noirs du Nord de Philadelphie. Au moment où Wesley Cook (tel que s’appelait alors Mumia) est devenu assez grand pourétudier le monde qui l’entourait, la population noire aux Etats-Unis était engagée dans un affrontement historique contre la ségrégation et la brutalité qui la faisait respecter. Un vent agité a soufflé dans Philadelphie où la population noire représentait un quart des deux millions d’habitants de la ville.
En août 1964, la police a tenté d’arrêter une automobiliste noire et la foule de spectateurs militants a pris sa défense. Durant trois jours, la rébellion a dominé la communauté noire de Philadelphie. Le Commissaire de Police a retiré la police durant la première nuit. Son commandant en second, un flic ambitieux du nom de Frank Rizzo, a dénoncé la lâcheté du Commissaire. Rizzo voulait absolument que les policiers soient envoyés dans la communauté noire avec l’autorisation explicite de tuer.
Les autorités de la ville ont donné leur consentement, et Frank Rizzo a été choisi pour préparer la police aux troubles futurs. Il a rapidement développé le département de ‘Défense Civile’ en unité d’espionnage politique. Il a transformé la petite brigade anti-vol ‘Stake-Out’ en une unité de tireurs militarisés, composée de 115 membres. A maintes reprises, il a envoyé sa police s’attauqer aux centres d’activisme et de résistance.
En 1966, Rizzo a mené des raids lourdement armés sur quatre bureaux associés au Student Nonviolent Coordinating Committee (Comité Non-violent de Coordination des Etudiants) du Nord de Philadelphie. En 1967, nouvellement nommé Commissaire de Police, Rizzo a personnellement ordonné à des policiers exercés à la matraque d’attaquer une manifestation pacifiste de 3500 élèves noirs du secondaire. Beaucoup d’entre eux ont été gravement battus.
PRENDRE POSITION
A l’autre pôle de cette ville polarisée, l’adolescent Wesley Cook s’est lancé dans le mouvement avec un enthousiasme intrépide. Lorsque le Gouverneur ségrégationniste George Wallace est venu en campagne présidentielle à Philadelphie en 1968, Mumia et ses amis ont décidé de manifester dans un rassemblement dans une zone réservée aux blancs dans le Sud de Philadelphie. Ils sont restés là et ont soulevé leurs poings fermés. La foule raciste leur a craché dessus, ils ont été contraints de s’en aller par la police casquée.
Mumia écrit: «Nous nous sommes rassemblés à l’arrêt de bus pour monter dans le ‘C’ vers le Nord de Philadelphie. Mais avant d’avoir pu embarquer, nous avons été attaqués par un groupe d’hommes noirs. L4un d’eux avait une mine de plomb et une veste de cuir. Sous-armés et en sous nombre, nous avons riposté, mais quatre adolescents ne sont pas de taille pour huit à dix hommes adultes. J’ai été attrapé par deux d’entre eux, l’un frappant mon crâne pendant que l’autre me frappait dans les testicules. Puis, j’ai levé les yeux, et j’ai vu la jambe de pantalon bicolore, garnie d’or d’un flic de Philadelphie. Sans réfléchir et réagissant en conséquence d’années de lavage de cerveau, j’ai hurlé ‘A l’aide, police!’ Le flic m’a vu au sol, battu en bouillie, a vivement marché vers moi et m’a frappé au visage. J’ai été reconnaissant envers ce flic sans visage depuis lors, parce qu’il m’a frappé directement dans le Black Panther Party».
En 1969, lorsque Mumia s’est joint à la campagne pour rebaptiser son école Malcom X High, le FBI et la brigade politique de la police de Philadelphie ont commencé à faire des rapports sur lui, utilisant des informateurs et des écoutes électroniques. Dans les années suivantes, leur dossier grossira jusqu’à 800 pages.
MINISTRE DE L’INFORMATION
Mumia, a teenage Panther
«Cela a été pour moi un coup psychologique catégorique, de voir un groupe de jeunes hommes noirs se battre pour se défendre eux-mêmes et leur communauté de l’agression policière. Sachant comme je le savais précisément ce qu’était la brutalité policière, j’étais sensibilisé, ouvert à entendre leur appel. Un groupe de jeunes gars s’est formé et nous avons commencé à écrire en Californie pour recevoir des copies du journal des Panther et avons loué un bureau au coeur du Nord de Philadelphie…» Mumia Abu-Jamal
Wesley Cook, 15 ans, a aidé à fonder la section de Philadelphie du Black Panther Party. Son nouveau nom adopté, Mumia, est bientôt apparu sur des articles du journal ‘Black Panther’. Intolérant avec les réformes superficielles, les Panthères exigeaient un changement révolutionnaire des conditions de la population noire. Ils accusaient la police d’agir comme une ‘armée d’occupation’ dans les communautés noires et ont recommandé la résistance face aux attaques de la police, y compris l’auto-défense armée si nécessaire.
En 1969, la police de Philadelphie a tué un jeune handicapé mental noir. Rosemari Mealy, une des Panthères camarade de Mumia se souvient de l’impact des mots de Mumia, «Il a parlé à la famille du jeune assassiné et il a commencé à écrire de manière prolifique à ce propos et à propos des autres actes répréhensibles de la police de Philadelphie (ayant lui-même été victime de leur brutalité). Lorsque les tracts et les affiches sont apparus du jour au lendemain dans tous les quartiers noirs de la ville, les noirs ont répondu à l’incitation du Parti et à son organisation autour de la mort du jeune… Ses écrits ont communiqué une interprétation de la réalité quotidienne de l’entièreté d’une communauté en état de siège et terrorisée par une force de police raciste et un chef de la police qui excusait leurs actions et prônait ouvertement ‘la puissance blanche’».
Des années plus tard, dans le couloir de la mort de Pennsylvanie, Mumia a écrit: «J’ai assez bien appris le métier, sauf pour une chose: je n’ai jamais appris comment courber l’échine devant le pouvoir d’état. J’ai écrit et fait des reportages, pas du point de vue des privilégiés, ni depuis la position de l’ordre, mais depuis la conscience de l’oppression et de la résistance».
Le FBI a pris note, et a ajouté le nom de Mumia au fichier ADEX de ces personnes à rassembler et à interner dans une situation d’urgence nationale.
Mumia écrit: «Au risque de paraître évidentes, les informations qui étaient publiées par notre bureau était moins que des rapports élogieux sur le Département de Police de Philadelphie. En fait, elles traitaient de la campagne réellement claire de la répression historique qui se déroulait contre le peuple noir et les pauvres de Philadelphie depuis des années, et des années et des années. J’ai été menacé en tant que Panthère il y a des années. J’ai été arrêté plusieurs fois. Nos bureaux ont été perquisitionnés. Donc, je n’étais pas une non-entité – j’étais une quantité connue, même dans ma jeunesse, dans mes années d’adolescence».
A Philadelphie, la police a perquisitionné les trois bureaux des Panthères une semaine avant que la section locale ai prévu d’accueillir une conférence nationale. Ils ont utilisé le meurtre récent et sans rapport de deux policiers comme prétexte. L’Unité ‘Stake-Out’ de Rizzo a aligné les Panthères contre le mur l’arme au poing et les ont obligées à se mettre nues dans la rue. Le jour suivant, cette humiliation délibérée était repassée par toutes les unes de la presse de Philadelphie.
Peu de temps après, Mumia, 16 ans, a donné une interview au ‘Philadelphia Inquirer’ dans lequel il a dit «Les frères et les soeurs noirs et les organisations qui avant ne se seraient pas engagés eux-mêmes sont en rapport avec nous. La population noire est confrontée à la réalité à laquelle le Black Panther Party a fait face, le pouvoir politique est au bout du canon d’un fusil». Douze ans plus tard, durant l’audition sur la peine de Mumia en 1982, le procureur Joseph McGill allait offrir cette citation ‘le pouvoir politique est au bout du canon d’un fusil’ au jury comme la preuve que Mumia avait un motif et l’intention préméditée de tuer Daniel Faulkner en décembre 1981 et que dès lors, Mumia méritait la peine maximale: l’exécution.
EN DIRECT DE LA PHILADELPHIE DE RIZZO
«Comme je le vois, d’autres villes pourraient utiliser les idées de Rizzo» Président Richard Nixon
«J’ai apporté mes vieilles techniques dans mon nouveau travail, et j’en ai appris d’autres nouvelles. De mon ancien travail, j’ai appris la perspective; du nouveau, j’ai appris le phrasé, la brièveté, la clarté et la mise en forme. De l’ancien travail viennent les techniques d’écriture qui ont saisi la voix des opprimés, et du nouveau travail est apparue une connaissance de la puissance et du potentiel de la radio». Mumia Abu-Jamal
«Mumia était , et est, un journaliste très sensible, engagé et minutieux. Et son accent journalistique était en grande partie constitué de questions impliquant le centre-ville, impliquant les conflits et les tensions entre ceux qui se trouvent dans le bas de notre société et ceux qui la dirige, et à peu près toutes les affaires quotidiennes de la ville». Linn Washington, reporter chevronnée et professeur de journalisme à l’Université de Temple.
Au début des années 70, le courant de la lutte de Libération Noire s’est éloigné. Et pourtant, les injustices sociales américaines restaient irrésolues. A Philadelphie, une contre-révolution régnait.
Frank Rizzo devenu Maire en 1972, après une campagne de petits meeting ‘off the record’ où il a appelé à ‘la loi et l’ordre’ contre ‘les animaux sauvages en liberté dans les rues’. Selon l’ancien maire Richardson Dilworth «Chaque slogan – tous les discours ‘off the record’ – étaient tous fondés sur une chose. En réalité, il dit lors de tous ces meetings ‘off the record’: ‘je sais comment garder les noirs à leur place’».
La structure du pouvoir de Philadelphie a embrassé ce programme. Ce n’est pas une exagération de dire que durant les années 70, Philadelphie a été consolidée dans un état policier sordide.
Dans ce climat hostile, Mumia était déterminé à poursuivre son activisme, même si le Black Panther Party s’était brisé. Maintenant âgé de 20 ans, Mumia est devenu un reporter sur les stations radio de la ville, débutant en 1974 avec un talk-show sur les affaires communautaires sur WRTI-FL de l’Université de Temple. Pour Mumia Abu-Jamal, le journalisme radio devait devenir un nouveau ‘ministère radical des idées, un ministère de l’information’.
Ses techniques en tant qu’écrivain, sa voix résonante formée et ses liens profonds avec le peuple de la ville lui ont bientôt amené des offres de stations radio plus grandes. Il a continué à couvrir les nouvelles sur les stations de radio noires WDAS et à travailler comme directeur de WHAT-AM.
Pour gagner sa vie, Mumia a décidé plus tard de passer à une radio du Top 40, rejoignant WPEN News. Mumia constate que son nouveau travail paye plus pour un week-end de minuit à six, que ce que ne paye une radio noire pour une semaine de cinq jours de travail. Son nouveau directeur trouvait le nom de Mumia Abu-Jamal ‘un peu trop ethnique pour notre audience’ et a exigé de Mumia qu’il adopte un nouveau nom professionnel. Donc, sur les ondes, Mumia est devenu ‘William Wellington Cole’. Quand même, Mumia dit: «J’utilisais ma voix de blanc, mais je gardais mon âme noire».
Avec Mumia au micro, les auditeurs entendait des reportages ouverts d’esprit à propos de l’oppression et de la résistance à Philadelphie et à travers le monde. Il écrit: «Par l’intermédiaire de nombreux contacts dans les mouvements progressistes et radicaux, il était possible de couvrir des conférences de presse ou des manifestations d’un large éventail de communautés pour un changement social. Ces voix aussi enrichiraient l’approche insipide habituelle ‘de l’Hôtel de Ville aujourd’hui’ de mes reportages. Cela a nécessité une perspective bas-haut sur les informations, opposée à celle de haut-bas.
Mumia a révélé les efforts pour renvoyer les noirs de Whitman Park, une des rares communautés intégrées dans le sud de Philadelphie. Ses émissions parlaient des défis de bases face au contrôle de Rizzo sur le gouvernement de la ville et sur l’appareil du parti démocratique local. Lorsque Rizzo a tenté de changer la charte de la ville afin de pouvoir briguer un troisième mandat, Mumia a fait un reportage sur l’opposition. Les informations de la radio de Mumia comprenaient la couverture des luttes de libération en Palestine et en Afrique du Sud. Il a interviewé Alex Haley et des combattants portoricains pour l’indépendance.
L’ensemble de la vie de Mumia l’avait préparé pour le travail dangereux que celui d’utiliser les informations à la radio pour exposer l’épidémie incontrôlée de la brutalité policière à Philadelphie. Pendant les années de Mumia à la radio, les tirs mortels de la police de Philadelphie ont augmenté annuellement d’environ 20%. Le personnel policier de Philadelphie était 37 fois plus susceptible de tirer sur une personne désarmée qui fuyait devant eux qu’un flic de New-York. Les accusations étaient la routine, et souvent basées sur des aveux obtenus après des coups, des preuves montées, des témoins contraints et une magistrature complice. Comme tout ceci venait à jour, dans les histoires des gens ordinaires et puis de plus en plus dans les rapports des enquêtes fédérales, Mumia en a faufilé la preuve dans ses reportages radio.
A la base, on a commencé à appelé Mumia ‘La Voix des Sans-Voix’.
Le travail de Mumia en tant que reporter est apparu comme une question lorsqu’un article du magazine ‘Vanity Fair’ a suggéré que Mumia n’avait joué aucun rôle visible dans l’opposition à la brutalité policière à Philadelphie et par conséquent, ne pouvait pas avoir été confronté à une persécution politique en 1981. Cet article ‘The Famous and the Dead’ (Le Célèbre et le Mort) cite William Marimow, un reporter qui a écrit une série sur l’inconduite policière en 1978 pour ‘The Philadelphia Inquirer’. «J’ai été très sensible à tous ceux qui avaient écrit à propos de la violence policière à Philadelphie» dit Marimow, actuellement rédacteur en chef du ‘Baltimore Sun’. «Ce mec (parlant de Mumia) n’a pas déclenché un seul spot sur mon écran radar».
Cette déclaration en révèle moins à propos de Mumia qu’elle ne le fait sur l’isolation et les séparations d’une ville américaine hautement séparée. Linn Washington, une ancienne journaliste d’investigation qui connaissait Mumia depuis 1974, a répondu à Marimow: «Son commentaire est le reflet de ce salon de jeu philosophique, ‘si un arbre tombe dans la forêt alors qu’il n’y a personne alentour, y a-t-il un bruit?’ Bon, bien sûr qu’il y a un bruit. Mumia a couvert la brutalité policière. Marimow ne l’a juste pas entendu. A ce moment là, cette période de 76-77, Mumia a gagné des prix dans des groupes communautaires pour ses reportages sur la brutalité policière. Je le sais parce que j’en ai gagné un aussi, et que j’étais au programme avec lui». Linn poursuit: «Les gens dans la communauté noire et dans la communauté hispanique – ces deux communautés qui étaient les plus directement touchées au quotidien – étaient très familiarisées avec les reportages de Mumia sur la brutalité policière, étaient très familiarisées avec les reportages de Mumia sur les questions du logement, de la politique du logement, de l’utilisation discriminatoire des ressources fédérales pour le logement par l’administration de Rizzo».
RAID DE POLICE DANS L’AVENUE POWELTON
«Quand un membre de MOVE disait quoi que ce soit, si vous regardiez dans le ‘Daily News’, dans ‘The Inquirer’ ou dans les principaux journaux du jour, ou ‘The Bulletin’ ou ‘The Journal’ de cette époque, vous trouveriez que les membres de MOVE ont dit ‘une bouchée de rhétorique’. C’était toujours la phrase à la noix qu’il allaient utiliser pour prétendument décrire ce que les membres de MOVE avaient dit. Ils n’auraient pas cité ce que les membres de MOVE avaient dit. Et j’ai pensé que ce n’était pas seulement politiquement dangereux, mais que c’était ‘journalistiquement inapproprié’ de le faire. Je veux dire, les politiciens vivent et meurent par la rhétorique, cependant, on ne peut pas ouvrir un journal sans trouver une citation exacte de ce qu’un politicien donné, qu’il soit président, maire, chef de police ou juge, dit tous les jours. Donc il était important dans une perspective journalistique radicale de libération d’entendre ce qu’ils avaient à dire et de rapporter ce qu’ils avaient dit avec leurs propres mots». Mumia Abu-Jamal.
«Lorsque les flics faisaient un truc fou, et que Mumia était par là, il n’était pas ‘un journaliste’ marchant avec vous. Vous saviez que vous aviez quelqu’un là, avec vous – sans même que cela soit dit». Pam Africa
Dans le milieu des années 70 à Philadelphie, le travail de Mumia l’a amené à entrer en contact avec l’organisation MOVE. MOVE, une organisation utopiste radicale largement noire, s’set formée l’année où Rizzo a pris le pouvoir à l’Hôtel de Ville. Ses membres vivaient ensemble dans des maisons communes comme une famille élargie, adoptant le nom de faille d’Africa, et portaient leurs cheveux naturels, en dreadlocks. En 1974, depuis leur base du village Powelbon dans l’ouest de Philadelphie, MOVE a commencé à prendre la parole lors de forums politiques et à organiser des manifestations communautaires contre les brutalités policières.
En 1974, deux femmes enceintes de MOVE ont été manipulées par les flics jusqu’à ce qu’elles fassent une fausse couche. Les manifestations de MOVE se sont intensifiées. La police y a répondu avec une campagne ‘d’arrestation à vue’. Entre 1974 et 1976, il y a eu 400 arrestations de membres de MOVE, aboutissant à des cautions et des amendes de plus d’un demi million de dollars. Life Africa, un bébé de trois semaines, a été tuée lors d’une violente attaque policière.
En mars 1978, ces affrontements ont atteint leur paroxysme lorsque la police de Philadelphie a fait le siège d’une maison de MOVE sur l’Avenue Powelton dans l’ouest de Philadelphie. La police a coupé l’eau et l’électricité. Elle a monté des barricades pour empêcher la nourriture d’entrer.
Armé de son enregistreur cassette, Mumia s’est avancé au milieu de ce conflit croissant. Il a dit plus tard qu’il avait donné la parole aux membres de l’organisation MOVE au moment où la plupart des reporters noirs les ignoraient, et la presse générale les calomniait simplement.
Mumia décrit ces jours, «Alors que je travaillais un samedi entier, j’ai pris mon temps de midi pour sauter sur mon vélo et pédaler jusqu’au lieu de la confrontation police-MOVE en cours, et j’ai obtenu quelques sons du membre de MOVE Chuckie Africa, furieux de la présence armée de centaines de flics disposés pour une attaque imminente sur sa maison et sa famille. Dès que je suis rentré à la radio, j’ai coupé plusieurs morceaux de notre bref interview et les auditeurs ont pu entendre, non seulement les voix du maire Frank Rizzo et de l’ex-commissaire de police James O’Neill, mais également la voix fâchée de Chuck Africa, raillant contre l’occupation de facto de son quartier par les forces armées de l’état».
Cet affrontement est devenu un point de ralliement pour la communauté noire et les forces progressistes de Philadelphie. Il y avait des tentatives massives, organisées par des ministres noirs, pour briser les barricades. Le 4 avril, des milliers de personnes ont manifesté à travers Philadelphie pour dénoncer le blocus policier. L’impasse est même devenue un embarras international pour l’administration Carter qui essayait de dépeindre les Etats-Unis comme une force pour les droits de l’homme.
La pression mise sur l’ordre de Philadelphie, l’inclusion ‘des deux parties’ de Mumia dans ses reportages était jugée comme irresponsable et déloyale. Mumia écrit: «Au lieu de me récompenser pour ma conduite et mon initiative, j’ai reçu un appel de mon boss plutôt furieux, qui m’a réprimandé pour ma sélection d’histoire… Lorsque le maire a appelé une conférence de presse pour annoncer quelques nouveaux projets, ce n’était pas une tribune politique, mais de l’information, de la vraie. Lorsque la population a organisé une résistance ferme et de principe face aux mesures d’état, ce n’était pas de l’information.
Pas impressionné, Mumia a continué d’inclure des déclarations de membres de MOVE dans ses reportages radio – alors que l’ensemble de la situation mettait d’intenses pressions sur l’ordre de Philadelphie. Il écrit: «Mes chefs m’ont appelé dans le bureau et ont dit, ‘Regarde Mumia, tu as de super tuyaux. Je veux dire, Jésus, je ne sais pas pourquoi tu n’est pas chez CBS aujourd’hui. Tu fais du bon travail’. ‘Alors, pourquoi m’avez-vous appelé?’ ‘En fait, nous allons devoir te laisser partir parce que nous ne pensons pas que tu aies l’engagement nécessaire pour la station’. Voici comment ‘William Wellington Cole’ a abandonné les ondes de PWEN.
PUNITIONS COLLECTIVES
En mai 1978, la pression de la protestation publique a amené la police à lever son siège sur la maison de Powelton Village. Durant plusieurs mois, il a semblé que la lutte allait se tourner vers les tribunaux. Dans les coulisses, Georges Fencl, chef de la brigade rouge de Philadelphie, l’unité des Affaires Civiles, dressait des plans pour une descente armée de la police.
Le 8 août, les officiels de la ville ont lancé un raid de 600 policiers lourdement armés contre la maison de MOVE avant l’aube. Un bulldozer policier a démoli la clôture de MOVE. Une grue a emmené les fenêtres. La police a lancé des grenades de gaz. Des coups de feu ont éclaté et un barrage de police méprisant a ratissé la maison de MOVE. Des jets d’eau ont été envoyés, obligeant les membres de MOVE de sortir des caves où ils avaient trouvé refuge. Alors que les caméras de télévision se pointaient, quatre flics de la brigade ‘Stake-Out’ de Rizzo battaient brutalement le membre de MOVE Delbert Africa – claquant sa tête d’arrière en avant avec leurs coups de pied.
L’officier James Ramp est mort d’une balle unique, plus que probablement issue d’un fusil policier. Linn Washington a dit à ‘RW’ «La police savait qui avait tué l’officier Ramp. Et elle savait que c’était un de ses gars. J’ai eu une source au Département de la Police qui m’a dit ça». Encore une fois, comme cela est souvent arrivé à Philadelphie, la mort d’un policier a été utilisée pour exiger une punition impitoyable pour tous ceux qui avaient été arrêtés sur les lieux.
Dans l’heure qui a suivi l’arrestation des membres de MOVE, la police sur place a commencé à détruire systématiquement le lieu, et les preuves. Les armes prisent dans la maison de MOVE ont été nettoyées et exposées à la conférence de presse de Rizzo une heure plus tard – détruisant toute preuve médico-légale. Deux heures après le raid, des équipes de démolition ont démoli toute la maison – avant que les détectives d’homicide, les journalistes et (plus important) les avocats de MOVE ne puissent rassembler les preuves.
Cet après-midi là, à travers la ville, le Maire Rizzo a tenu sa conférence de presse. Il a été pompé. Lorsqu’on lui a demandé si c’était la fin de MOVE, Rizzo a répondu «La seule manière avec laquelle nous pourrons les arrêter est de réhabiliter cette peine de mort, de les mettre dans une chaise électrique, et j’appuierai sur le bouton».
Mumia Abu-Jamal a pris la parole depuis la foule de journalistes, soulevant brutalement des questions à propos de la manière avec laquelle la police avait détruit les preuves après la descente.
Rizzo était déjà tenu à propos de la couverture grandissante de la brutalité policière se répandant dans la presse grand public. Il pouvait sentir son soutien de longue date des médias de la ville diminuer, et cela l’ennuyait. Mais être publiquement défié durant sa propre conférence de presse par un journaliste noir le même jour qu’un flic ait été tué lors d’une descente – cela l’a rendu livide. La réponse de Rizzo à la question de Mumia était une menace, aujourd’hui célèbre: «Ils croient ce que vous écrivez, et ce que vous dites, et cela doit cesser. Et un jour – qui j’espère arrivera durant ma carrière – vous devrez être tenu pour responsable et redevable pour ce que vous faites».
Dans la mentalité de la police et de son maire, il n’y avait guère besoin de preuves dès lors qu’il y avait un flic mort sur le sol. Dans leurs esprits, c’était un dangereux défi vis à vis de leur autorité, et quelqu’un devait payer. C’est une mentalité et une méthode auxquelles Mumia lui-même serait confronté trois ans plus tard, après avoir été trouvé blessé près d’un policier blessé.
Suite à cette descente, les douze membres de MOVE ont été accusés d’avoir tué l’officier James Ramp. Finalement, neuf ont été soumis à un procès. Le 8 mai 1980, dans un climat médiatique hystérique, neuf membres de MOVE ont été reconnus coupables de la mort de James Ramp. Le juge Malmed les a condamné de 30 à 100 ans chacun. Mumia écrit: «Il est impossible de dire quels étaient mes sentiments à ce moment. Assis dans une salle d’audience, à regarder cette sorte de justice non-déguisée, cela m’a laissé un goût saumâtre dans le coeur… Assis dans ce procès, avec une capacité officielle de journaliste objectif, et de voir que réellement la loi importait peu. Que cela n’avait pas d’importance qu’ils soient innocents ou coupables. Que cela n’avait pas d’importance de ce que la loi disait de ce qu’étaient leurs droits».
Mumia a publiquement soulevé l’absurdité centrale de cette affaire, «Neuf hommes ne peuvent pas tuer un homme» a-t-il signalé. L’ensemble de l’affaire était un cas de punition collective.
Le lendemain du verdict, le juge Malmed défendait ce verdict lors d’une discussion sur une radio locale. Mumia a appelé et a réussi à demander carrément à Malmed «Qui a tué James Ramp?» Surpris, le juge a admis «Je n’en ai aucune idée». A ce moment précis, Mumia a présenté publiquement l’injustice du procès et de l’emprisonnement des neuf MOVE.
UNE PERSONNE A VOIR
Mumia a continué son travail dans le radio journalisme. Il a diffusé pour la station de musique classique WUH-FM. Il a fait du travail occasionnel pour son ancienne station WDAS. En 1979, il a obtenu un emploi à temps-plein chez WHYY, la station de radio publique locale de Philadelphie et a fait partie de l’équipe rassemblant ‘911’, la version locale de ‘All Things Considered’. En tant que reporter pour Channel 12, WHYY-TV, il a interviewé Julius Erving alros que le 76ers se battait pour le championnat de NBA.
En 1980, âgé de 26 ans, Mumia était élu président de la section de Philadelphie de l’Association Nationale des Journalistes Noirs. L’année suivante, il était nomme comme une des ‘People to Watch’ (Personne à Voir) de la ville par le magazine ‘Philadelphia’. L’article parlait de ces ‘interviews éloquents, souvent passionnés et toujours très perspicaces’.
Au même moment, Mumia trouvait de plus en plus difficile de travailler dans les principaux médias dans le climat polarisé de Philadelphie et de rester vrai dans sa mission de ‘Voix des Sans-Voix’. Dans son livre ‘All Things Censored’ (Toutes les choses censurées), Mumia décrit comment chez WHYY, il était assigné au ‘battement de la police’, non pas à la couverture de la brutalité policière, mais à ce qu’il appelle les ‘pièces de souffle positif’ – comme d’interviewer le commissaire de police, parler d’un prétendu ‘flic héroïque’ et faire un reportage sur une manifestation de plusieurs milliers de flics à l’hôtel de ville. Le reportage de la manifestation de la police a été repris nationalement sur la Radio Publique Nationale. Mais pour Mumia, toute la chose sentait la ‘censure indulgente’ et le racisme. Il était la seule personne noire à la station, mis à part la secrétaire et l’équipe de la salle du courrier. Mumia écrit, «Implicitement au sein de la mission se posait la supposition que, en tant que reporter et afro-américain de la ville, j’avais pour une raison ou pour une autre, besoin que l’on m’apprenne la ‘vraie’ nature de la police».
En 1981, Mumia a quitté WHYY et a trouvé d’autres manières de continuer son travail. Il a commencé à conduire un taxi à temps-partiel pour aider à soutenir sa famille. C’est un moment où deux procès majeurs ont coïncidé dans les salles d’audience à Philadelphie. En juillet 1981, trois des flics qui avaient brutalisé Delbert Africa étaient acquittés de tout méfait. Dans une salle d’audience voisine, le fondateur de MOVE John Africa s’est défendu lui-même contre les accusations fédérales.
Une fois ces affaires clôturées, les autorités de la ville ont une nouvelle fois augmenté la pression sur MOVE. Pam Africa se souvient: «En 1981, de novembre à décembre, sous l’administration du maire Greene, la décision a été prise d’anéantir MOVE – dans les rues et dans les prisons. Nous avons été confronté à de nombreuses raclées et à de nombreux procès. Et Mumia était là. Tout ce qui arrivait, il le faisait imprimer très vite – malgré le fait qu’il y avait un black-out sur les informations, et même s’il avait perdu son emploi à la radio et était un journaliste freelance».
Ces durant ces jours que Mumia s’est soudainement retrouvé dans les mains de la police.
DANS LEURS MAINS
Under arrest
«Je pense, quand vous êtes impliqué dans le jeu de la politique, que vous avez des amis et que vous avez des ennemis. Survie du plus fort» Maire Frank Rizzo discutant son approche des forces radicales.
«Ils essayent de me tuer» Mumia Abu-Jamal à sa soeur le jour où on lui a tiré dessus.
«C’est cauchemardesque que mon frère et mois soyons dans cette situation de faute, particulièrement depuis que mon principal accusateur, la police, était aussi celle qui m’attaquait. Mon vrai crime semble avoir été ma survie face à leurs assaut, mais nous étions les victimes ce soir-là». Mumia Abu-Jamal, deux mois après son arrestation.
Les événements du 9 décembre 1981 ont commencé comme un arrêt typique de la police pour ‘conduite alors que noir’. Juste avant 4 heures du matin, le plus jeune frère de Mumia, Billy Cook, était en train de conduire sa Volkswagen Beetle dans un quartier miteux du centre-ville de Philadelphie – lorsque l’officier Daniel Faulkner l’a fait se ranger dans Locus Street.
Le rapport officiel prétend que la raison de cet arrêt était une plaque d’immatriculation trafiquée et un pare-choc cassé. Mais avant même que Daniel Faulkner n’ai débarqué de sa voiture de patrouille, il avait décidé d’arrêter Billy Cook et avait appelé pour qu’un fourgon vienne enlever Cook. Faulkner a rapidement sorti Billy Cook hors de son siège de conducteur, l’a placé bras et jambes écarté contre sa voiture et l’a frappé à la tête avec une lourde lampe électrique de police.
Mumia conduisait son taxi cette nuit-là et est arrivé sur cette scène Quelques moments plus tard, lorsque les renforts de la police sont arrivés, Mumia était au sol, une balle dans la poitrine. Faulkner était mort à cause de deux blessures par balle et Billy Cook était debout contre un mur, en sang. Toute autre personne impliquée dans l’incident avait fui.
Un flic était mort, et à partir de ce moment – fidèle aux méthodes, à la mentalité et aux traditions de la police, Mumia était responsable et méritait de mourir, peu importe ce que les preuves (ou le manque de preuves) pouvaient vriament dire.
Mumia était déjà proche de la mort. La balle de la police avait pénétré son poumon, était passé à travers son abdomen, son foie et était venue se logée près de sa moelle épinière. Ce que les flics ont fait cette nuit-là dans le centre de Philadelphie, c’était d’essayer de terminer le travail. En 1994, Mumia a dit dans un interview au ‘Revolutionnary Worker’ (Ouvrier Révolutionnaire), «Selon un témoin qui a témoigné au procès, je suis arrivé à l’hôpital, peut-être à deux ou trois blocs de la scène, environ 40-45 minutes après. Donc j’ai non seulement été battu sur place, battu dans la voiture, mais ils me conduisaient à travers la ville, attendant que je meure».
A l’hôpital, la police l’a jeté par terre dans le hall d’accueil et l’a frappé alors qu’il était couché avec les bras menottés derrière son dos.
Mumia s’est réveillé après l’opération avec son ventre déchiré de haut en bas, de larges agraffes serrées pour fermer la blessure et des tubes dans son nez. Mumia se souvient, «Ce que je sentais, c’était une pression forte vraiment prononcée, comme si cela gonflait en moi. Je me sentais gonflé, plein. Cela a été ma première sensation consciente au sortir de l’opération. Malgré le réel sentiment de lassitude et de fatigue, je me suis forcé à ouvrir les yeux. Et j’ai vu un policier debout juste devant moi, regardant mon visage. Environ 35 ans, cheveux châtains, moustache. D’abord, je n’ai pas compris ce qui arrivait. Je l’ai vu me regarder, souriant, un sourire froid, sinistre, mortel.
Ensuite, après ce qui m’a paru être des minutes, mais peuvent n’avoir été que 15 ou 20 secondes, il est sorti de mon champ de vision et j’ai senti une sensation de soulagement, comme si un ballon s’était dégonflé dans mon abdomen. Et il a fait ça 2, 3, 4 fois. Peut-être plus. Et malgré le fait que j’étais menotté à ce lit d’hôpital, j’étais capable de tourner mon cou, de regarder et de voir qu’il marchait sur un sac d’urine, un récipient en plastique clair pour l’urine, obligeant l’urine à remonter dans un tube en plastique vers ma vessie. Il essayait de faire exploser ma vessie alors que j’étais couché à l’hôpital, juste une demi-heure après que je sois sorti d’une opération. J’étais là, sans liberté, menotté dans un lit d’hôpital, à l’hôpital. Pas dans un hôpital de prison, mais dans un hôpital communautaire civil, avec un policier de Philadelphie avec une mitraillette Uzi essayant de me tuer tôt ce matin. Il a continé et je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais rien dire, parce que j’avais un tube de l’oesophage coincé dans ma gorge, j’avais des tubes dans mon nez et dans d’autres trous de mon corps. Tout ce que je pouvais faire était de le regarder. Et il a souri, et il l’a fait, l’a fait et l’a fait. Je me suis juste étendu et j’ai regardé.» Plus tard, au procès de Mumia, l’accusation prétendrait que Mumia avait avoué à l’hôpital qu’il avait tué Faulkner. Le rapport raconte une autre histoire: l’officier Wakshul, le policier gardant Mumia durant tous ces événements a écrit dans ses notes ‘le nègre n’a fait aucun commentaire’.
La soeur de Mumia Lydia Wallace raconte l’horreur d’apprendre qu’un frère était au commissariat et l’autre à l’hôpital sous garde policière. Lorsqu’elle s’set ruée aux côtés de Mumia, elle ne l’a d’abord pas reconnu – il était tellement battu, enflé et couvert de sang séché. Elle se souvient que quand il a brièvement repris conscience, il lui a murmuré qu’il était innocent.
LA GENESE D’UNE VOIE FERREE
Les premiers flics à arriver sur les lieux ont été Robert Shoemaker et James Farbes – membres de la célèbre Unité ‘Stake-Out’. Le membre le plus haut gradé à arriver sur la scène a été l’Inspecteur Alfonse Gordano, lui-même un ancien commandant du ‘Stake-Out’. C’est cette même Unité ‘Stake-Out’ qui avait été créée pour viser les radicaux noirs. Elle a été impliquée dans tous les affrontements et dans toutes les affaires judiciaires avec les Black Panthers et MOVE. Mumia avait été un participant durant une décennie, de l’autre côté, dans ces mêmes événements.
Un rapport de police plus tard cette nuit-là, montre que l’Inspecteur des Affaires Civiles Fencl a rapidement été appelé dans cette enquête. Fencl était le même officiel de la police qui avait donné l’ordre de déshabiller les Black Panthers dans la rue en 1970, qui avait préparé la descente sur la maison de MOVE sur Powelton et qui avait dirigé l’unité politique de la police qui avait épié Mumia depuis qu’il avait 15 ans.
Trouver un homme noir avec des dreadlocks couché blessé proche d’un flic mort aurait suffi pour la police pour plier toutes les règles et mettre Mumia à mort. Mais il est difficile d’imaginer que la police ne savait pas qui elle avait dans les mains cette nuit de décembre 1981.
L’ensemble de la ville le savait certainement dès le lendemain. Chaque journal de Philadelphie a publié la mort de l’officier Faulkner en première page et chaque journal a dessiné des liens avec les activités politiques et les croyances de Mumia. Le titre du ‘Philadelphia Inquirer’ disait: ‘Le Suspect Jamal: Un activiste éloquent pas effrayé d’élever la voix’. L’article nommait Mumia comme un ‘taon parmi les journalistes et facilement reconnaissable grâce à sa chevelure en dreadlocks, ses politiques révolutionnaires et sa profonde voix de bariton’.
Dans les mois qui ont suivi l’arrestation de Mumia, le mécanisme de la célèbre Brigades des Homicides de Philadelphie s’est mis en mouvement – et a systématiquement construit l’affaire contre Mumia Abu-Jamal. Les preuves ont été étouffées. De fausses preuves ont été créées. Les témoins ont été contraint et un juge notoire pour la pendaison était déployé pour percuter ce chemin de fers à travers le processus du procès.Mumia a été l’adversaire opiniâtre d’une structure de pouvoir brutale durant 12 années intenses et explosives. Il a révélé leurs crimes, a soutenu leurs victimes, a donné la parole à leurs accusateurs. Maintenant, il est entre leurs mains – un prisonnier politique avançant dans le couloir de la mort.
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